DÉRIVE(S)
Création danse
2019 pour l’espace public – la Rue
DÉRIVE(S) est une pièce chorégraphique pour 2
danseurs, un musicien, une passerelle mouvante.
Dérive(s) célèbre notre potentiel à s’adapter et
questionne notre potentiel à faire des choix.
Quel espace de liberté s'octroient les danseurs dans un
espace contraignant et mouvant?
La chorégraphie
est une ode à la persévérance et à la solidarité entre deux êtres, contre un
environnement hostile. Sécurité et danger ne cessent de s’opposer.
Toujours
s’équilibrer - Toujours tenir - Toujours avancer - Sans laisser l’Autre chuter.
La danse est
à la fois organique, animale, contenue, légère, acrobatique, ludique.
Les sons y
sont aussi organiques, concrets, mélodiques, distordus.
Le spectateur
dérive et oscille entre les partis-pris des danseurs et du musicien.
DÉRIVE(S) interroge
notre relation à l’Autre et au Monde
Chorégraphe, Sabine Desplats.
Danseurs, Yannek Albarès issu de la danse urbaine, Jee-Hyun
Hong danse-théâtre.
Musicien
compositeur, Grégoire Chomel, tuba et électronique.
Créé le 21
mai 2019
Sur l’espace scénique :
Un plateau de 6m sur 2,5m composé de 24 lattes de
plancher posées sur des barrières Vauban. Chaque latte indépendante pivote
autour de la partie haute de la barrière. La vitesse de pivot est contrôlée par
des élastiques.
Coproductions, Nil Admirari /
St Ouen l’Aumône (95),
Le Fourneau CNAR /
Brest (29), Les jardins de Brocéliande /
Bréal-sous-Montfort (35), L’Hermine, scène conventionnée pour la danse / Sarzeau (56). Avec le soutien du Centre National des Arts de la
Rue et de l’Espace Public Le Fourneau au sein du réseau RADAR et de la Région
Bretagne.
Subventions, Conseil Régional de Bretagne, Département du Morbihan, Villes de Lorient et de Locmiquelic
Soutiens, L’Adami gère et fait progresser les droits des
artistes-interprètes en France et dans le monde. Elle les soutient également
financièrement pour leurs projets de création et de diffusion. La Spédidam est
une société de perception et de distribution qui gère les droits des artistes
interprètes en matière d’enregistrement, de diffusion et de réutilisation des
prestations enregistrées
Avec le soutien du Centre National des Arts de la Rue et de l'Espace Public le Fourneau au sein du réseau RADAR et de la Région Bretagne.
Soutien logistique du Centre Culturel Athéna d’Auray
Accompagnement
Le
lieu de l’Autre, Anis Gras à Arcueil (94), le Trio, Inzinzach Lochrist (56)
Aide à
la résidence du Théâtre de Lorient Centre Dramatique National
Diffusion 2019
21 mai 2019 Hors
les murs, Ville d’Arcueil (94),
31 Mai 2019 Festival Avis de Temps Fort, Port Louis (56)
05 et 06 Juillet 2019 Sorties de Bain, Granville (50)
7 juillet 2019 Les Jardins de Brocéliande, Bréal-sous-Montfort (35)
15 Sept 2019 Les
Piques niques Kerhorres, Le Relecq kerhuon (29)
Genèse et intention chorégraphique
DÉRIVE(S) est un projet de création dans lequel la chorégraphe
Sabine Desplats interroge le corps contraint et l’espace contraignant. Cette
thématique de recherche et de questionnement l’inspire depuis plus d’un an.
De cette recherche naît 1M²d’Elle ;
1M²d’Elle, première création solo sur la thématique de l’espace
contraignant et du corps contraint.
1M²d’Elle interroge la mobilité, la gestuelle d’un corps-dansant,
enveloppé d’un tissu de la tête au pied, contraint à évoluer sur un espace d’1
M², surélevé.
S’ajoute à cette recherche sur le corps contraint dans un espace
contraignant, un nouvel enjeu : l’équilibre dans notre relation à l’Autre et au
monde.
La chorégraphie de
DÉRIVE(S) explore
-
la relation au monde, au territoire,
aux limites,
-
l’altérité (le vivre avec, construire
avec, créer avec)
-
la notion de libre-arbitre, du choix,
-
la question de l’équilibre et des
déséquilibres, dans ce rapport au monde
Deux questions
philosophiques sont en jeu
la question de la contrainte
-
Comment ouvrir un espace de
liberté dans une situation de contrainte(s) ? Comment disputer le rapport
entre contrainte et liberté ?
la question de la décision
-
Comment la prise de décision influe sur
notre quotidien, notre devenir, notre à venir ?
DÉRIVE(S) traverse ces questions sur une passerelle mouvante.
Un espace contraignant - la passerelle
mouvante
« Je cherche un espace contraignant à architecture mobile, où toute
action du danseur le modifiera.
J’imagine un sol qui réagisse aux mouvements et aux déplacements des
danseurs, un espace qui se modifie en fonction des mouvements de ceux qui y
évoluent.
Chaque geste devra répondre à la nécessité de l’équilibre :
Jouer de cette conscience vive du corps, de l’espace, des autres. S’en
servir comme point d’ancrage pour répondre à l’imprévisible sans perdre son
cap.
Cette recherche, je la confie à Agata Le Bris, scénographe. Inspirée,
elle élabore un plancher mouvant, espace contraignant où les corps contraints
vont sans cesse être en réajustement. C’est, accompagnée
du constructeur Serge Calvier de Nil Obstrat que cette structure prend
forme. »
LA
SCÉNOGRAPHIE
L’enjeu de la scénographe
Proposer un espace contraignant sur lequel évoluent les danseurs
et qui se modifie en fonction des actions et déplacements de ceux-ci.
Comment les danseurs vont-ils réagir/à cet espace
contraignant ?
Comment vont-ils l’appréhender ? L’attendrir, lui
résister ?
Quelle relation vont-ils créer avec cet objet pour ne pas se
mettre en danger et ne pas mettre en danger l’autre?
Comment vont-ils prendre la main sur lui ?
Intention
scénographique
Toujours s’équilibrer,
Toujours tenir,
Toujours avancer,
Sans laisser l’autre chuter.
La scénographie de
ce spectacle est un manifeste au mouvement.
La structure respire
et danse avec les acrobates.
La scénographie de
Dérive(s) invite à se questionner sur l’effet de nos actions sur
l’environnement, sur notre capacité à s’adapter à celui-ci, sur notre potentiel
à faire des choix.
Elle s’immisce de
manière contraignante ou complice dans le dialogue des danseurs.
Comment se vit la
relation à l’Autre quand tout mouvement accompli par l’un induit une réponse de
l’Autre afin que l’équilibre soit viable pour les 2 protagonistes ?
Quel espace de création dans cet espace contraignant,
quelles modifications corporelles, quels arrangements, quelles négociations,
quel détournement triangulaire? Quel espace de liberté s'octroient les danseurs
dans cet espace mouvant ?
Le sol mouvant
crée un déséquilibre permanent et menaçant.
Au moindre
mouvement des danseurs, le sol mouvant réagit et crée un déséquilibre.
La chorégraphie
est un combat tout autant qu’une ode à la persévérance et à la solidarité entre
deux êtres, contre un environnement hostile.
La notion de
sécurité et de danger ne cesse de s’opposer, tout comme celui de
l’individualisme face au binôme.
Le public est tenu
en haleine et oscille entre les partis-pris des danseurs. Chacun est alors
impliqué, directement ou indirectement.
Le dispositif spatial
Il
s’agit d’un plateau de 6x 2,5 m (15m²) composé de 24 lattes de plancher (230x2500x27mm)
qui viennent s'implanter sur des barrières "Vauban" de 2m de long.
Chaque
latte pivote indépendamment autour de la partie haute de la barrière, la
vitesse de pivot est contrôlée par des élastiques.
Élaboration et construction
Plusieurs temps ont été nécessaires pour construire cette
passerelle. Nous avons travaillé de concert avec la scénographe Agata Le Bris
La
maquette
Dans un 1er temps nous créons une maquette, que nous
présentons lors de nos présentations du projet aux potentiels coproducteurs.
Le prototype
Sur une barrière Vauban nous posons des planches, les fixons au
support de la barrière, tout d’abord avec des ressorts puis avec des
élastiques. Je m’essaie à évoluer dessus, en teste les limites.
A la recherche
de constructeurs
Agata rencontre plusieurs constructeurs. 3 propositions nous sont
faites pour la mobilité des planches – l’hydraulique - les ressorts – les
élastiques.
L’hydraulique est assez
vite abandonné, trop de contraintes (personnel qualifié, coût, volume), et
surtout nous perdons cette « façon » que je souhaite à savoir des
matériaux que l’on voit sur les chantiers.
Rencontre
avec le constructeur, Serge Calvier de Nil Admirari
Serge est emballé par le projet. Il crée pour décembre 2017, un prototype
sur une barrière de 2m avec 8 planches et un seul élastique qui maintient
chacune des planches au socle de la barrière.
Une dernière audition pour le choix des danseurs se fera sur le
prototype.
Ajustements
et Validation
Nous validons le montage proposé par Serge Calvier et en avril 2018, les 3 barrières sont
montées, reliées entre elle. Un seul élastique fixe les 24 planches.
Première résidence de travail. Serge passe chaque jour, regarde
comment les danseurs s’approprient cette structure, mesure les prises de
risque, s’assure à leur côté de la résistance de la structure. Nous échangeons
chaque jour sur les ajustements éventuelles à faire.
Finalisation
le montage de la structure est finalisé, chaque duo de planches a
son propre élastique.
Les danseurs commencent à prendre des repères d’appui. :
S’ils prennent appui sur une planche, comment celle-ci
réagit-elle ?
Si appui sur 2 planches, que se passe-il ? Quelle est
l’amplitude de la pente ? Si appui sur 2 planches alors que chacune des
planches est reliée à une autre planche. Quelle nouvelle amplitude de la
pente ?
Ces différents repères pris par les danseurs leur permettent de
mesurer la prise de risque et de pallier à leur éventuelle mise en danger.
A chaque résidence nous réévaluons le comportement de la
structure, comment elle « vieillit » et comment les danseurs s’y
adaptent.
Processus de création
Des idées plein la tête avant de travailler avec la structure. Mon
imaginaire se projette, je fantasme sur les possibles que m’offrent cette structure
en matière d’équilibre, de déséquilibre. J’ai encore en moi les images de Celui qui tombe de Yoan Bourgeois.
Notamment les transferts de poids du corps lors de l’inclinaison du plancher
sur lequel évoluent les danseurs.
Voici montée la structure, je m’y essaie. Je monte dessus, les
danseurs que j’auditionne aussi. Le temps de l’écouter, de la sentir. Elle
bouge déjà. Elle est sensible à notre présence. Perçoit-elle les infimes
mouvements qui nous habitent ?
Pouvons-nous toucher ne serait-ce qu’une seconde l’immobilité
totale ?
Elle tire vers le bas, elle ramène à la chute jamais à l’envol.
Comment cette structure amène-t-elle à danser ? Quelle danse induit-elle? Elle génère
quelque chose tout le temps.
Elle doit
toujours générer quelque chose. A nous de chercher comment.
RQ : Elle ne peut pas générer le repos. A aucun moment elle
n’est au repos. Les danseurs n’y seront pas non plus. Le seul moment où ils
toucheront au repos, ce sera à la fin, lorsqu’ils quitteront la structure.
Au fur et à mesure de notre recherche, nous nous apercevons que le
moindre de nos mouvements est perçu par la structure et que celle-ci y réagit.
Elle tremble, vibre, fuit. Elle est comme l’eau, à vibrer à chaque impulsion.
Elle ne nous offre que son axe central comme espace plus solide et
fiable. Dés que nous quittons celui-ci elle s’esquive sous nos pas. Elle a
cette particularité de se mettre au diapason de nos mouvements. Elle réagit à
l’énergie, la tension, la vitesse de nos gestes et de nos déplacements. Elle
capte tout et surtout absorbe tout.
C’est un partenaire à part entière.
Tant que nous restons sur son plancher, elle devient le
prolongement de notre corps et son mouvement accompagne le nôtre. Dés que nous
la quittons et suivant la façon dont nous la quittons, elle réagit avec un
effet boomerang.
Nous travaillons ainsi, la testant, cherchant comment le dialogue
peut s’établir avec elle. Comment aussi nous pouvons devenir maitre de nos
mouvements.
Nous l’explorons, dessous, autour, dessus. Nous testons les différents
espaces qu’elle propose, ses contraintes. J’observe comment les danseurs la
provoquent, lui résistent, l’apprivoisent.
C’est à partit de là que la trame de la chorégraphie va petit à
petit émerger pour ensuite s’élaborer.
Je me suis laissée imprégner par les images qui apparaissaient au
fil des expérimentions des danseurs. J’ai ensuite pris appui sur ces images et
j’ai entraperçu quelle danse pourrait émerger de cela. Par exemple lorsque les
danseurs se sont trouvés limités dans leurs mouvements dans l’espace du dessous
de la structure. (La façon la plus adéquate de se déplacer fut le 4 pattes).
J’ai travaillé à partir de cet encagement pour créer la partition danse de ce
tableau.
Lorsque les danseurs modifient la structure à leur convenance et
la fixent dans des formes plus stables, la danse y prend une autre forme. Elle
joue avec cette notion d’architecture. On est dans le in situ de cette
architecture. Le corps peut s’y glisser, s’y mettre en travers. La danse joue
avec cela. Les danseurs dansent avec l’architecture, jouent avec le confort et
‘inconfort